Shady ElNahas surpris en finale de bronze
Antoine Valois-Fortier n’est pas passé par quatre chemins pour commenter la journée de François Gauthier-Drapeau , médaillé de bronze chez les moins de 81 kg, dimanche, au prestigieux Grand Chelem de Paris. Selon l’entraîneur, il s’agit d’une des meilleures performances de sa jeune carrière internationale chez les seniors.
Le judoka québécois a complété son tournoi en remportant l’une de deux finales de bronze, où il était confronté à Vedat Albayrak, septième au classement mondial de la Fédération internationale de judo (IJF). Même s’il n’avait jamais battu le Turc en trois affrontements auparavant, Gauthier-Drapeau ne s’en est pas laissé imposer et il a lancé de nombreuses attaques d’entrée de jeu. Le tout a rapporté des dividendes après un peu plus de 90 secondes de combat, quand il a marqué un ippon pour filer avec la victoire. « C’était vraiment une superbe journée ! Non seulement il remporte une médaille de bronze, mais il a réussi à le faire contre un très bon adversaire. Ça démontre très bien sa progression des derniers mois et il ne faudra pas se surprendre de le voir sur le podium encore plus souvent », a indiqué Valois-Fortier au terme de la compétition. Un peu plus tôt dimanche, des gains contre l’Espagnol José Maria Mendiola Izquieta, le Kazakh Abylaikhan Zhubanazar et l’Autrichien Shamil Borchashvili ont permis à Gauthier-Drapeau d’atteindre les quarts de finale. Le Canadien s’est alors buté à un Timo Cavelius en pleine possession de ses moyens. Le judoka allemand a d’abord inscrit un waza-ari, avant d’en ajouter quelques instants plus tard avec un ippon pour continuer sa route au tableau. Il a éventuellement abouti sur la deuxième marche du podium à la suite d’un revers en grande finale contre le Géorgien Tato Grigalashvili. « Tout s’est joué en début de combat, quand l’Allemand a pris les devants, a analysé Valois-Fortier. Ensuite, c’était juste le jeu du chat et de la souris. François a pris son risque au bon moment, mais il s’est malheureusement fait contrer. » Gauthier-Drapeau s’est ensuite retroussé les manches au repêchage pour vaincre le Portugais Joao Fernando avant de boucler ce Grand Chelem en beauté contre Albayrak. « Ce sont deux très grosses victoires pour François », a poursuivi le pilote de l’unifolié au sujet de son protégé. « Il n’avait jamais battu le Portugais non plus et on voit tout de suite qu’il a pris du galon au niveau tactique. Il était déjà l’un des meilleurs athlètes de la catégorie au niveau physique et il est en train de démontrer qu’il sera aussi l’un des meilleurs au niveau tactique. Dans tous les cas, il n’a pas fini de démontrer son talent », a conclu Valois-Fortier.ElNahas ne peut imiter son coéquipier Shady ElNahas a lui aussi foulé le tatami dans la dernière plage horaire de la compétition, à l’occasion d’un duel contre l’Israélien Peter Paltchik pour l’obtention d’une médaille de bronze chez les moins de 100 kg. L’Ontarien de 24 ans n’a d’ailleurs pas tardé à démontrer ses intentions, projetant son rival dès la première minute des hostilités afin de marquer un waza-ari et prendre les devants. ElNahas s’est ensuite concentré sur sa défensive et c’est à ce moment que le vent a tourné en faveur de Paltchik. Ce dernier a accentué la pression sur le Canadien, qui a d’abord reçu un shido, puis s’est fait surprendre quelques instants plus tard par une projection. Les officiels ont ensuite confirmé le ippon et, du même coup, la troisième place de l’Israélien. « Je me sentais bien en contrôle au début du combat, parce que je savais que j’étais capable de le projeter. Je l’avais fait aux Jeux olympiques et j’ai réussi à le faire rapidement aujourd’hui aussi. Par contre, j’ai décidé de minimiser les risques par la suite et j’ai été très défensif. Ce n’est pas mon style normalement et je me suis fait surprendre. C’est dommage, mais ça fait partie du sport », a indiqué ElNahas, cinquième du jour au classement final. Il s’agissait d’un deuxième revers de suite pour le Torontois qui avait plié l’échine devant l’éventuel médaillé d’argent Dzhafar Kostoev, des Émirats arabes unis, lors des demi-finales. « Je l’avais battu à Abou Dhabi en octobre dernier et je ne sais pas ce qu’il a fait depuis, mais il était très solide aujourd’hui. C’est certain que je vais lui demander sa routine d’entraînement en gymnase ! » a lancé à la blague celui qui retiendra tout de même du positif de son passage dans la capitale française, à commencer par sa séquence de trois victoires en début de tournoi. Après avoir profité d’un laissez-passer au premier tour, ElNahas a signé des gains par ippon face au Britannique Rhys Thompson et l’Indien Avtar Singh, avant de réserver le même sort à l’Ouzbek et champion du monde en titre Muzaffarbek Turoboyev. « Ça m’a fait du bien de l’emporter contre Turoboyev, a confié ElNahas. Il nous avait battus, Kyle Reyes et moi, lors des mondiaux, alors c’est bon de prendre une petite revanche. Au final, ce n’est pas nécessairement le résultat souhaité parce que je vise toujours l’or, mais c’est une autre bonne expérience pour apprendre à mieux gérer les combats. » Le Néerlandais Michael Korrel est monté sur la plus haute marche du podium en fin de journée, tandis que l’Azéri Zelym Kotsoiev a remporté l’autre finale de bronze chez les moins de 100 kg. Aussi en action dimanche, Étienne Briand (-81 kg) et Marc Deschênes (+100 kg) ont tous les deux amorcé leur parcours avec une victoire au premier tour de leur catégorie respective, avant de s’incliner en deuxième ronde. Briand a subi la défaite contre le Japonais Kenya Kohara, tandis que son compatriote s’est avoué vaincu face à l’Azéri Ushangi Kokauri, septième au terme du tournoi. Le prochain Grand Chelem de l’IJF sera présenté du 16 au 18 février, à Tel-Aviv, en Israël, où le Canada sera représenté par une dizaine d’athlètes. D’ici là, notons que cinq représentants de l’unifolié seront en action à l’Open européen de Sofia, en Bulgarie, le week-end prochain.