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24 September 2021« Le judo, c’est pour tout le monde! » Voilà le leitmotiv qui anime Mohamed Soualmia, qui œuvre depuis près d’une vingtaine d’années auprès d’une clientèle autant communautaire que scolaire avec des besoins particuliers.
Son club, Jikan, est basé à l’école secondaire Jeanne-Mance, mais ses intervenants se déplacent dans plusieurs écoles. Les cours offerts s’adressent à une multitude de clientèles : personnes avec des problèmes de comportement, d’apprentissage ou d’intégration sociale, personnes autistes, non-voyantes ou avec d’autres déficiences, notamment.
« Nous avons plusieurs projets à caractères sociaux. C’est une fierté pour le club », précise M. Soualmia en parlant de son « bébé », né en 2012 suite à la fermeture du club de judo IMCO, dont le nom signifie « temps » en japonais.
« Avant, nous nous démarquions sur le plan compétitif, maintenant nous nous démarquons d’une tout autre façon. Il y a beaucoup de besoins pour ces jeunes, qui veulent faire comme les autres, faire leur place dans la société. En même temps, nous nous découvrons à travers tous ces projets et nous sommes capables de transmettre les valeurs du judo à toute notre clientèle. »
Malgré l’adaptation nécessaire à la réussite de sa mission d’intégration, les enseignements de Jikan sont en effet directement en lien avec les valeurs de son sport : la modestie, la politesse, la sincérité, l’amitié, le contrôle de soi, le courage, le respect et l’honneur.
« Nous ressentons beaucoup de fierté quand nous voyons nos jeunes réussir », mentionne M. Soualmia, se rappelant plusieurs programmes inspirants, dont un qui l’avait particulièrement touché. « Nous avions un projet avec une vingtaine de jeunes vivant avec une déficience intellectuelle à l’école Jeanne-Mance. À la fin, c’était magnifique, les jeunes faisaient du judo! Ils réussissaient des techniques et ils savaient comment chuter. Ils avaient des sourires sur leur visage et affichaient de la confiance. Ils étaient capables d’avoir des contacts même si ce sont des jeunes qui souvent n’aiment pas les contacts. »
Les belles victoires vécues avec leurs jeunes clientèles alimentent la passion des intervenants du club. « Nous sommes tellement heureux de constater les résultats que ça nous pousse à en faire plus. »
En ce sens, ils peuvent compter sur l’Association de développement des arts martiaux adaptés (ADAMA), dont ils sont membres, qui vise à conseiller et soutenir les clubs d’arts martiaux qui veulent inclure des personnes avec un trouble du spectre de l’autisme, une déficience intellectuelle ou une limitation physique. « C’est une belle expérience avec des gens qui travaillent avec des personnes à besoins particuliers. Ça enrichit notre façon de voir les choses et d’aider ces jeunes dans notre sport. »
Nicolas Brisson, directeur des programmes à Judo Canada, félicite les responsables de Jikan, qui offrent un exemple parfait d’intégration du judo à toute la population. « Le fondateur du judo Jigoro Kano considérait le judo comme un entraînement à la vie et un outil d’éducation basé sur le développement moteur. Le message éducatif qui en découlait avait avant tout une connotation sociale. La voie compétitive est arrivée dans un second temps. C’est pourquoi nous sommes convaincus que le judo s’adresse à tous, quels que soient l’âge, les limitations ou les besoins spéciaux. Nous avons d’ailleurs développé des guides et directives pour encadrer la pratique du judo pour les personnes avec des besoins spéciaux. Une certification dans ce sens sera proposée prochainement aux entraîneurs. Le club Jikan, au travers M. Soualmia et ses intervenants, est donc un parfait exemple de la philosophie du judo, notamment au travers ses projets sociaux et d’une pratique ouverte à tous. Un exemple dont on peut d’inspirer. »
Le judo, matière enseignée à l’école
Mohamed Soualmia a par ailleurs mis en place des projets-pilotes dans différentes écoles. « Nous faisons la promotion du judo auprès des jeunes. Ils découvrent notre sport et s’inscrivent dans des clubs ensuite. Nous avons été parmi les premiers clubs au Québec à s’impliquer au niveau du judo scolaire. »
Une compétition scolaire s’adressant à des écoles de milieux défavorisés a même vu le jour, ce qui a valu à Jikan une certaine reconnaissance. « Depuis 2004, le judo est comme une matière à l’école primaire Charles-Bruneau, une école pour les jeunes avec des troubles d’adaptation. Le judo a fait ses preuves et est toujours le bienvenu dans des projets scolaires. »
Ultime récompense, plusieurs enfants mis en contact avec le judo en poursuivent la pratique. « Il y a une continuité qui est impressionnante, les judokas nous font confiance. »
« Nous sommes fiers de notre approche inclusive. Nous avons réussi à faire en sorte que le club accueille des jeunes avec des besoins particuliers. Nous sommes devenus un club-ressource pour eux. »
Et le virage pris par M. Soualmia et son équipe d’une certaine vision plus compétitive à une vision sociale n’a pas affecté l’importance du club, au contraire. « Nous étions à un moment donné premiers à Montréal au niveau du nombre de membres. »
Encore plus impressionnant, Jikan tient mordicus à offrir son expertise à tout le monde, absolument tout le monde. « Nous avons un système (de frais d’inscription) très simple. Même si vous n’avez pas d’argent, vous pouvez faire du judo chez nous. »
D’où viennent alors les sommes nécessaires à son bon fonctionnement? « Nous allons aller chercher des aides financières un peu partout pour pouvoir à notre tour aider. Des fois, nous avons des donateurs et certains parents qui vont nous faire des dons. Nous arrivons à nous autofinancer. »
M. Soualmia remercie sur ce point la présidente du club, Chantal Beaudet. Bénévole depuis les débuts de son fils au club, il y a une dizaine d’années, elle travaille à sa réussite avec acharnement tous les jours.
Une problématique? Une solution! Ce pourrait être une autre marque de commerce de l’organisme de l’arrondissement du Plateau—Mont-Royal. « Nous tenons à notre mission, nous favorisons l’inclusion des jeunes à besoins particuliers, nous leur donnons la chance de découvrir un mode de vie : le judo », conclut Mohamed Soualmia.
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