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Comme je l’ai écrit ici il y a quelques années, notre club de judo est une organisation composée uniquement de bénévoles qui a opéré sans interruption pendant plus de quarante ans. Puis, la pandémie a frappé et nous avons été absents des tapis pendant deux années complètes. Notre club allait-il survivre ?
Quelques mois plus tard, les tapis regorgent d’anciens et de nouveaux membres. Non seulement notre club a survécu, mais il est sur le point de reprendre une grande partie de ce qui a été perdu. La raison ? Une petite équipe de bénévoles passionnés ont refusé qu’il en soit autrement.
L’apprentissage du judo est une expérience de groupe : vous participez à une activité physique entouré d’autres personnes qui sont à différents stades de leur propre développement. La plupart des élèves se présentent au cours, partent à la fin de celui-ci et c’est tout. Leur présence est grandement appréciée et ils sont essentiels au bien-être du club. Ils sont toutefois présents en tant qu’individus, pour leurs raisons personnelles, et leur implication s’arrête au moment où ils quittent le tapis. Comme tout le monde, c’est ainsi que j’ai commencé il y a plusieurs décennies.
Certains étudiants finissent par s’engager sur un parcours bien différent. Certains nous demanderont si nous avons besoin d’aide pour la classe des débutants. D’autres proposeront d’organiser une activité sociale. Ils arriveront plus tôt pour préparer la salle avant les séances d’entraînement et resteront après les cours pour nous aider dans divers domaines. Certains d’entre eux se porteront volontaires pour occuper des fonctions telles que président du club, trésorier ou responsable des communications, alors que d’autres pourront éventuellement devenir instructeurs.
À un moment ou à un autre de leur parcours, ils ont décidé que notre club leur tenait à cœur. Ils ont assimilé notre culture et nos valeurs, et s’efforcent de les perpétuer. Ils ont compris comment ils pouvaient aider et se sont engagés à le faire, chacun à leur manière. Ensemble, nous formons l’équipe qui garantit que notre club sera là pour les générations futures, comme d’autres l’ont fait avant nous. Comme ce fut notre cas dans le passé, ils ont tous été des débutants tentant d’apprendre à attacher leurs ceintures.
L’une des plus importantes leçons que j’ai tirées de mon travail auprès de groupes et d’équipes dans le dojo concerne l’importance de créer un type d’environnement essentiel à la croissance et au développement du plein potentiel des gens, peu importe où ils débutent et peu importe la forme que ce plein potentiel puisse éventuellement prendre. À cet égard, les premiers pas d’une nouvelle classe de débutants sont particulièrement enrichissants. Les étudiants viennent de nombreux pays et cultures, et ils ont des arrière-plans très différents. Les cours sont mixtes et pour certains débutants, cela peut être inconfortable. Des blessures physiques sont possibles. Les habiletés qui doivent être développées sont nouvelles et complexes. Pour y parvenir, tous les participants doivent faire preuve d’une réelle générosité et d’un véritable état d’esprit de croissance.
Pour faire en sorte que tout cela fonctionne — c’est-à-dire créer et favoriser l’environnement nécessaire pour que la magie opère —, les membres de notre équipe doivent « prendre le leadership avec l’autorité, la présence et les répercussions appropriées », tel que décrit par Peter Hawkins (Hawkins, 2017, p. 264). Toutefois, comme le souligne Christine Thornton, il ne s’agit pas nécessairement d’un processus intrusif (Thornton, 2019, p. 327). Ce type d’approche en douceur est tout à fait dans l’esprit du « Ju » (comme dans le judo), qui « est naturel et libre, sans rigidité ni dureté » (Mifune, 2004, p. 23). Occuper l’espace, mais le plus doucement possible, est essentiel pour optimiser les résultats du groupe, de l’équipe et des individus.
D’après mon expérience, il faut projeter une confiance tranquille, douce et accessible, soutenue par une adhésion inébranlable à certains principes comme le respect, la politesse et le respect mutuel (dont la communication doit aller au-delà des mots). L’action concrète que cela implique est assez banale. Il s’agit de petites choses comme se comporter toujours de manière digne, signaler sans hésiter et sur-le-champ les comportements inacceptables ou à améliorer (mais toujours sans faire honte), faire de la place pour tout le monde, accorder de l’attention à tout le monde, renforcer les comportements souhaités, faire en sorte que cela reste amusant, etc.
Une des choses les plus importantes que des personnes remarquables m’ont démontrée au fil des années consiste à créer le bon type d’environnement pour que les groupes, les équipes et les individus puissent apprendre et s’épanouir. L’excellent travail de ces personnes fait en sorte qu’après tant de décennies, notre club continue de prospérer malgré tout ce qui s’est produit. C’est un excellent exemple de la magie qui peut s’opérer quand on offre aux gens un environnement favorable qui leur permet d’avoir une incidence positive sur les autres.
Références
Hawkins, P. (2017). Chapitre 14 – Developing as a Team Coach. Leadership Team Coaching. Developing collective transformational leadership (3rd ed). London : Kogan Page, pp 256-273.
Mifune, K. (2004). The Canon of Judo: Classic Teachings on Principles and Techniques. Translated by Françoise White. Tokyo, Kodansha International, 224 pages.
Thornton, C. (2019). Chapitre 22 : Making of a Team Coach. In Clutterbuck, D., Gannon, J., Hayes, S., Iordanou, I., Lowe, K., MacKie, D. (Eds.). The Practitioner’s Handbook of Team Coaching. New York: Rutledge, pp 213-217, page 327.