Aperçu des championnats du monde par Hans Van Essen

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Hans Van Essen est l’éditeur en chef et le fournisseur de contenu créatif pour le site Judo Inside. En tant que journaliste Van Essen a visité un nombre incalculable d’événements. Ce judoka ceinture noire a dirigé les conférences de presse internationales aux Jeux olympiques de Sydney et d’Athènes et de divers championnats du monde et d’Europe. Il a de plus été responsable du service de presse lors de nombreux championnats du monde.

 

 

Attentes réalistes de médailles pour le Canada

C’était formidable de voir Teddy Riner briller lors de son retour à la compétition à Montréal. Cependant, pour autant que l’on sache, il ne sera pas présent lors de LA compétition de l’année, les championnats du monde à Tokyo. Il choisit soigneusement son parcours vers les Jeux olympiques de l’an prochain. Riner est connu en dehors du judo et représente une icône du sport français, mais d’autres seront également à surveiller à Tokyo. Chaque catégorie a ses histoires et nous attendons impatiemment de voir se dérouler l’histoire canadienne qui pourrait devenir un vrai conte de fée. C’est une histoire qui a commencé il y a plusieurs années. Du jour 2 au jour 6, des Canadiens se battront pour remporter une médaille, peut-être un miracle, mais une médaille réaliste pour laisser présager une autre médaille pour le Canada à l’édition 2019 des championnats du monde.

Avec 4 athlètes dans le top 10, 9 dans le top 20 et 14 dans le top 50, le Canada a développé son potentiel. En comparaison à l’an dernier, à la même date en août, seule Deguchi faisait partie du top 10 (8e), et six athlètes étaient dans le top 20. Le top 8 compte peu pour les ambitions; peut-être à long terme, mais pas à Tokyo. Plusieurs médailles sont possibles et il est particulièrement intéressant de se concentrer sur la catégorie -57 kg chez les femmes, qui compte Christa Deguchi et Jessica Klimkait.

La compétition -57 kg

La première au classement mondial de l’an dernier, Sumiya Dorjsuren, a pris une pause et elle ne sera pas à Tokyo. Yoshida, toujours au sommet, défendra son titre de championne du monde. Nekoda Smythe Davis n’a pas connu sa meilleure année, mais elle revient en force. Cependant, d’un point de vue objectif, les deux Canadiennes devraient être meilleures.

Nora Gjakova, du Kosovo, pourrait être une menace, du moins pour Klimkait. La Brésilienne Rafaela Silva s’améliore et a ajouté le titre des Jeux panaméricains à sa collection en août, mais sa forme est variable. Nous nous attendons cependant à la voir en grande forme à Tokyo. Les Canadiennes peuvent la battre et Klimkait l’affrontera probablement, car elles pourraient se trouver dans la même poule en 4e-5e au préclassement. L’Allemagne Theresa Stoll sera meilleure. Elle s’est précédemment concentrée sur ses études et a déjà perdu contre Klimkait et Deguchi, et elle se bat pour sa place à Tokyo contre sa sœur et Pauline Starke, une nouvelle qui a remporté le bronze aux championnats européens en juin, mais elle reste une outsider. Nous nous attendons à ce que Stoll soit de retour au sommet de sa forme, car elle est une combattante intelligente et Christa Deguchi pourrait devoir l’affronter, car leurs classements en 2e et 7e positions devraient se croiser en quart de finale.

Le Canada pourrait remporter deux médailles en -57 kg, mais il y a également des menaces extérieures en dehors du préclassement, il faudra donc de la chance au tirage et on pourrait assister à une demi-finale canadienne au jour 3.

Telma Monteiro (Portugal) sait bien performer lorsque ça compte. Lien, de Taipei, pourrait se surpasser au Japon, où elle vit et s’entraîne. Kim Jandi (Corée) a du potentiel, bien qu’il ait semblé diminuer pendant un moment. La Française Hélène Receveaux est toujours dans le top 8, mais n’est pas préclassée. Sa compatriote, Sarah Leonie Cysique, est également dangereuse. La plus grande surprise est Daria Mezhetskaia, de Russie. Gagnante des Jeux européens, elle est petite, fermée, non orthodoxe; c’est son année. Elle a connu Deguchi aux championnats du monde juniors en 2014, où elles se sont battues 2 fois. Elle a perdu 2 fois contre Klimkait, mais cette année, elle représente un espoir de médaille aux championnats du monde.

Margelidon est en forme

Si Arthur Margelidon arrive à maintenir sa forme actuelle, le jour 3 pourrait être son moment de gloire. Margelidon a atteint la finale en -73 kg à Zagreb, ce qui lui donne une place parmi le top 8. Si tout va bien, il pourrait se retrouver face au champion européen, le Suédois Tommy Macias; ils se sont affrontés plusieurs fois et Macias a remporté la plupart du temps, mais Margelidon a des chances. Les plus dangereux sont en dehors du préclassement : Shohei Ono, Musa Mogushkov, Denis Iartcev, Fabio Basile et plusieurs autres, dont Constantin Gabun. Ces athlètes peuvent causer une surprise; ils ne sont pas vraiment des outsiders, mais donnent de la saveur à cette catégorie.

Potentiel doublé au jour 4

Le jour 4 sera prometteur avec Antoine Valois-Fortier et Étienne Briand. Ils se sont affrontés à Montréal et Valois-Fortier a comblé les attentes. En 2019, Antoine l’a remporté à trois reprises lors de tournois internationaux. Cependant, la compétition en -81 kg est serrée et les Canadiens ne sont pas préclassés, ils auront donc besoin d’un coup de main. Cependant, tous les athlètes de cette catégorie auront besoin d’aide et c’est le travail de ceux qui ne sont pas préclassés de vaincre l’élite. Le champion du monde Mollaei, d’Iran, est le grand favori, mais l’Israëlien Sagi Muki est celui qui a le plus impressionné cette année. Nous ne savons pas comment les meilleurs vont performer. Muki est fort, mais n’a pas affronté Fujiwara, du Japon, cette année. Fujiwara a perdu contre Mollaei seulement à Hohhot, nous pouvons donc compter sur lui au Japon. De Wit semble vulnérable cette année. Le Belge Casse se rapproche du podium à l’international, ainsi que le gagnant de Paris Dominc Ressel.

Valois-Fortier pourrait l’emporter contre Albayrak, comme il l’a déjà fait. Même chose pour Casse, mais il est sur un élan. Même De Wit serait possible pour Antoine. Le Russe Lappinagov est un bon adversaire pour Valois-Fortier. Il a obtenu de bons résultats contre le top 8, comme le mois dernier, lorsqu’il a battu Mollaei en demi-finale. Nous ne voulons pas rendre les statistiques plus importantes qu’elles ne le sont réellement, mais il est réaliste d’avoir de l’espoir vu les résultats positifs par le passé. Si l’équipe performe bien (p. ex., des médailles les jours précédents aident), Antoine sait quoi faire… Il ne doit pas se buter à un outsider.

Est-ce qu’il y en a dans sa catégorie? Les plus inquiétants sont ceux qui sont de calibre international, mais ne sont pas préclassés : Khalmurzaev, Wieczerzak, Ivanov, Otgonbaatar, Chouchi, Parlati, Ungvari. Les outsiders sont Ntanatsidis, Abdelaal, Gotonoaga, Druzeta, Khamza ou l’ennemi de Briand, Yudi Santos; il y a facilement 20 prétendants au podium.

Il s’agira des 6e championnats du monde pour Catherine Beauchemin-Pinard et avec 12 combats (10 en U57), elle sait quoi faire. Sa catégorie, -63 kg, est coriace, mais sa médaille à Montréal a généré une bonne énergie et avec une 7e place au préclassement, elle a une certaine protection. Si elle peut surmonter le défi, elle pourrait affronter Tina Trstenjak en quart de finale, ce serait déjà une réussite. Beauchemin-Pinard s’est assez battue en 2019 pour être prête à passer à la prochaine étape dans sa catégorie.

Les donneurs de rythme

Au jour 2, nous verrons de quoi Jacob Valois est capable en -66 kg. Il est très confiant après sa superbe médaille de bronze à Montréal et c’est bon de lui donner de l’expérience à ce niveau. Ecaterina Guica va tenter d’améliorer son résultat des précédents championnats du monde. Il s’agira de ses 4e et jusqu’à maintenant elle s’est battue 3 fois, son premier objectif serait donc de dépasser la première ronde et d’accélérer le rythme en tant que première Canadienne en -52 kg.

Au jour 5, Zachary Burt participera chez les -90 kg, également une catégorie compétitive. Kelita Zupancic pourrait atteindre le top 8. Kelita n’est pas préclassée pour ses 8e championnats du monde. Elle s’est battu un grand nombre de fois cette année, au moins 30 fois au niveau international. En plus de 330 combats dans sa carrière, les adversaires panaméricaines sont celles qui posent problème. Nous lui souhaitons de tombe dans une poule plus européenne.

Belle première expérience pour El Nahas

Il y a deux autres chances de médailles au jour 6 des championnats du monde avec Kyle Reyes et Shady El Nahas. Reyes a eu de la difficulté dans sa catégorie très compétitive aux championnats du monde avec 8 combats en 4 tournois; son parcours s’est toujours terminé en huitième de finale. Cette année est peut-être encore pire, car la catégorie est devenue encore plus compétitive. Kyle devra donner le meilleur de lui-même et il a assez d’expérience pour que ses adversaires connaissent son talent. C’est un avantage pour Shady El Nahas qui se développe à une vitesse folle, et la première année est souvent plus facile. Désormais, tout le monde devrait être au courant de sa puissance. Il l’a prouvée une fois de plus à Montréal et l’a remporté à Zagreb 3 semaines plus tard. Shady est en pleine évolution et pour ses premiers championnats du monde, il a tout ce qu’il faut pour remporter une médaille. Il lui manque peut-être un peu de maturité, car la moyenne d’âge des médaillés en -100 kg aux championnats du monde est de presque 25 ans. Dans sa classe, il faut aussi être un combattant intelligent. Il y a néanmoins certains des meilleurs athlètes qui ont remporté une médaille jeune et ont ensuite remporté des médailles olympiques : Mikhailin (20), Zhitkeyev (20), Krpalek (20), Inoue (21), Jang (21) et aussi Wolf, qui a remporté le titre mondial à 21 ans et est toujours dans la course pour en avoir d’autres. C’est possible et un débutant ne s’en préoccupe pas. Ça peut même être décisif.

Maintenant, de retour à la réalité : El Nahas a combattu certains des athlètes préclassés. Il a perdu 2 fois contre Cho, plus récemment contre Darwish, et contre Wolf l’an dernier. Il a gagné contre Peter Paltchik, Otgonbaatar Lkhagvasuren et Jorge Fonseca. Il n’a pas encore affronté Liparteliani et Korrel, quoi qu’ils aient pu se croiser en entraînement. Le danger réside encore dans les premières rondes : Gasimov, Iddir, Minaskin, Maret, Frey, Catharina, Fletcher, Kotsoiev, Ilyasov et Adamian. Ça en dit assez sur la compétition à laquelle on peut s’attendre à Tokyo.

Avec ou sans Riner, les championnats du monde seront une belle semaine de judo pour les fans et les 56 médaillés. Le Canada en mérite une; avec un peu de chance, peut-être deux, et avec l’aide des fans canadiens, pourquoi ne pas leur donner un bon spectacle? Faites opérer la magie!

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