Catherine Beauchemin-Pinard offre une 2e médaille sans précédent au Canada
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13 August 2021Il s’en est fallu de bien peu pour qu’un troisième judoka canadien monte sur le podium des Jeux olympiques de Tokyo jeudi, alors que Shady Elnahas a accédé à un des deux combats pour les médailles de bronze dans la catégorie des moins de 100 kg. Après un rude combat où tous les espoirs étaient permis, le Torontois est arrivé tout juste à court de la victoire et s’est par conséquent classé cinquième.
Même s’il a connu un beau parcours au Japon, le jeune athlète de 23 ans, qui s’entraîne au centre national de Judo Canada à Montréal depuis quatre ans, n’avait pas le cœur à la fête. « Je ne suis pas du tout satisfait! Je suis venu ici pour gagner l’or et j’y croyais. Je me sentais prêt mentalement et physiquement. Malheureusement, ce n’est pas arrivé. »
Celui qui en était à sa première expérience olympique était très calme sur les tatamis. « À chaque tournoi, je veux la médaille d’or, alors je suis dans le même état d’esprit chaque fois. Honnêtement, c’est seulement lors du combat de la médaille de bronze où là, je me suis dit : Wow, je suis aux Jeux! Avant ça, c’était comme n’importe quelle compétition, je voulais simplement gagner. »
Dans son duel pour le bronze, Elnahas, huitième au monde, a offert toute une opposition au Portugais Jorge Fonseca, deuxième au classement international et double champion mondial en titre de la catégorie. Il a réussi à bien placer ses mains à plusieurs occasions, sans toutefois réussir à en profiter. Avec une trentaine de secondes à faire, son adversaire a marqué waza-ari.
Même si le Portugais a écopé d’une deuxième pénalité par la suite, l’Ontarien n’a pas été en mesure de combler l’écart, malgré de nombreuses tentatives d’attaques.
« La plupart du temps j’étais en contrôle et je voyais qu’il se fatiguait beaucoup plus rapidement que moi. Ça m’a peut-être un peu trop excité, j’ai attaqué et il m’a marqué waza-ari. J’étais un peu sous le choc et je n’ai pas pu me rattraper », a expliqué celui qui avait déjà battu Fonseca deux fois par le passé, mais s’était incliné lors de leur plus récent affrontement au repêchage du Tournoi des maîtres, en janvier.
Elnahas a eu la chance de se battre pour une médaille grâce à sa victoire au repêchage contre l’Israélien Peter Paltchik, quatrième mondial. Dans un combat serré et épuisant, il a marqué ippon en prolongation (golden score), réussissant o-uchi-gari, un grand fauchage intérieur.
« Paltchik est un des meilleurs au monde. Je savais que ça allait être long avant de gagner ce combat, qui a été tactique. C’était la troisième fois que nous nous battions l’un contre l’autre et je savais quoi faire cette fois », a résumé le Canadien, qui a maintenant gagné deux de ses trois duels face à l’Israélien.
Deux premières victoires par ippon
Elnahas a bien commencé sa journée, obtenant un ippon contre Ivan Remarenco des Émirats arabes unis dans les seizièmes de finale. Il a marqué waza-ari, puis a enchaîné avec une immobilisation en prenant la jambe gauche de son adversaire dans la deuxième minute du temps réglementaire.
En huitièmes de finale, contre l’Azerbaïdjanais Zelym Kotsoiev, neuvième au monde, le Torontois a réussi une projection pour waza-ari après une trentaine de secondes. Il pensait bien l’avoir emporté grâce à la même technique avant la fin de la première minute, mais, bizarrement, les arbitres ne lui ont pas accordé le point alors que son exécution était quasi identique à la première. Il a finalement réussi un o-uchi-gari avec moins d’une minute pour marquer ippon.
« Je ne me suis pas rendu compte que l’arbitre a enlevé mon waza-ari jusqu’à ce que je vois Sasha (Mehmedovic), mon entraîneur, demander ce qui arrivait. Moi aussi, j’étais vraiment surpris qu’ils m’enlèvent mon waza-ari. C’était un peu frustrant, car chaque minute de combat demande beaucoup d’énergie. Je pense encore que c’en était un, mais au final, ce sont les arbitres qui décident. »
C’est le Géorgien Varlam Liparteliani qui a freiné Elnahas dans les quarts de finale. Le numéro un mondial et vice-champion olympique à Rio a marqué waza-ari dans la deuxième minute lors d’un enchaînement d’attaques, puis encore à trois secondes de la fin pour ippon.
« C’était un athlète que je regardais quand j’avais 12 ans. Depuis 2012, c’est un des tops. Je savais donc comment il se bat. Je pense que j’ai bloqué toutes les techniques qu’il a l’habitude de faire. Il est un de ceux qui coupent le plus de poids dans ma division. Il a utilisé son poids pour être défensif et a bien géré le combat. Je pense que je peux le battre, mais c’était la première fois que je l’affrontais. »
Le titre olympique des Jeux de Tokyo est revenu au Japonais Aaron Wolf, tombeur de Liparteliani dans les demi-finales, qui a vaincu le Sud-Coréen Guham Cho en grande finale. Niiaz Iliasov, athlète du comité olympique russe, a obtenu l’autre médaille de bronze.
Elnahas se concentrera maintenant sur le cycle des Jeux de Paris. « Je ne vais pas arrêter le judo avant d’avoir une médaille olympique. Même si j’ai 50 ans, je vais essayer d’avoir cette médaille », a conclu le double champion panaméricain en titre.
Des Jeux exceptionnels pour le judo canadien
Rappelons que ces Jeux passeront à l’histoire pour le judo canadien, qui a vu deux de ses représentantes mettre la main sur des médailles lors d’une même olympiade, une première. Jessica Klimkait, chez les moins de 57 kg, et Catherine Beauchemin-Pinard, du côté des moins de 63 kg, sont en effet montées sur la troisième marche du podium au Japon.
Un peu comme Elnahas, Arthur Margelidon est passé bien près également d’être médaillé olympique, se classant cinquième dans la catégorie des moins de 73 kg.
Antoine Valois-Fortier, défait à son deuxième duel chez les moins de 81 kg, et Ecaterina Guica, qui s’est inclinée à sa première sortie du côté des moins de 52 kg, faisaient aussi partie de la puissante délégation de Judo Canada dans la capitale japonaise.